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LES DANGERS DU DOPAGE
La prise de substances interdites n’est pas anodine. A court ou long terme, elles peuvent entraîner des problèmes graves de santé.
Les produits dopants perturbent les équilibres physiologiques naturels (notamment hormonaux), développent artificiellement les capacités du sportif et amoindrissent ses réactions de défense.
Privé de ces alarmes, que sont la fatigue ou la douleur, l’individu va au-delà de lui-même. L’organisme enregistre tout et parfois les altérations subies sont irréversibles.
Les risques qu’encourent les sportifs dopés dépendent de 4 facteurs : la nature des substances consommées, la durée d’exposition du sportif aux produits dopants, les conditions d’administration des substances et l’état général du sportif. Les produits susceptibles d’engendrer des effets à court terme sont utilisés de manière ponctuelle, peu de temps avant les compétitions ou durant les épreuves. Les risques encourus par les sportifs sont d’autant plus grand si l’effort est intense. On peut prendre comme exemple la mort du cycliste britannique, Tom Simpson, durant le tour de France 1967. Après plusieurs dizaines de kilomètres de course, il décède lors de l’ascension du Mont Ventoux. L’autopsie réalisée sur le corps décèlera la présence d’amphétamines (autorisées à l’époque). Mais la dose d’amphétamines absorbées par Simpson n’a pu à elle seule déterminer sa mort. Par contre elle lui a permis de dépasser ses limites donc de produire un effort intense que son organisme n’a pu supporter.
Maintenant nous allons voir les effets secondaires des 3 produits décrits précédemment (à savoir l’EPO, les anabolisants et les amphétamines).
L’Erythropoitine (EPO)
Comme nous l’avons vu tout à l’heure, l’EPO est une hormone naturelle produite par les reins, elle augmente le nombre de globules rouges, elle favorise donc l’oxygénation des muscles. Mais le sang devient plus visqueux, avec des risques de boucher de petites artères comme les artérioles ou encore les coronaires. Cette hyperviscosité du sang peut donc conduire à une thrombose, c’est à dire à la formation d’un caillot, à un accident vasculaire cérébral et même à un coma. Pour fluidifier le sang, certains cyclistes devaient (ou doivent ?) se relever la nuit pour faire des pompes. De plus, pour prévenir les thromboses, les utilisateurs prennent aussi de l’aspirine ou des anticoagulants. Malgré cela, l’EPO aurait fait une vingtaine de victimes ces dix dernières années. Les effets secondaires de l’EPO ne s’arrêtent pas là. En effet, en diminuant le taux de globules blancs, l’EPO diminue les défenses immunitaires, donc l’individu est beaucoup plus sujet aux maladies. Enfin les utilisateurs présentent des problèmes d’hypertension artérielle, de convulsions et à long terme ce produit peut provoquer des cancers.
Les anabolisants
Témoignage du lutteur suédois Pelle Svenson, médaille d'argent aux jeux olympiques de TOKYO.
"Je sentis mon énergie décupler deux mois après le début du traitement, j'avais rattrapé mon retard sur l'élite mondiale en douze piqûres ! Je gagnais le championnat du monde en juillet 1970. Un an après, je commençai à subir les effets négatifs du traitement, nervosité, mauvaise humeur, foie en mauvais état. De même, sans raison particulière, j'accumulai les accidents musculaires. Ce fut d'abord mon deltoïde droit, ce muscle qui fait l'arrondi de l'épaule : distension ligamentaire. Puis mon grand dorsal gauche : déchirure. J'étais devenu trop fort pour mes tendons et mes fibres musculaires... Quatre mois avant les jeux de Munich, je fus cloué au sol par un nouvel accident musculaire en courant dans les sous-bois : déchirure d'un des muscles du mollet. Jamais cela ne m'était arrivé en dix-huit ans de pratique sportive. La déchirure se cicatrisa en moins de trois semaines mais je devenais de plus en plus bizarre. Mon entourage avait l'impression que j'avais "un verre dans le nez" ! Cette fausse ivresse fut une révélation : à cause du testoveron mon foie fonctionnait moins bien, ses capacités d'élimination étaient très diminuées, c'est pourquoi le moindre gramme d'alcool restait anormalement longtemps dans le corps. Lors des préliminaires du tournoi olympique, une douleur fulgurante me déchira le dos, de bas en haut jusqu'à la nuque. Comme si on m'avait labouré avec un fer rouge... Je sombrai dans l'inconscience... Quand je revins à moi, j'étais allongé sur une table de massage dans les vestiaires. Je ne pouvais plus bouger ; mon bras gauche et tout le côté gauche de mon thorax étaient morts ; le médecin de notre délégation était penché sur moi : "votre grand dorsal est complètement déchiré, dit le toubib, comme une étoffe trop mûre. Les Jeux sont terminés pour vous..." Mon histoire "exemplaire" m'incite furieusement à lancer une mise en garde à l'ensemble des athlètes de toutes les disciplines sur les dangers des anabolisants. Arrêtez cette folie ! Ces hormones androgènes provoquent des ravages dans l'organisme : dérèglement du métabolisme du calcium, ralentissement de la fonction d'élimination du foie, cancer de la prostate, etc. Leur effet "bénéfique" sur les masses musculaires ne peut durer qu'un temps car les fibres musculaires hypertrophiées imposent aux tendons, aux ligaments et aux articulations des efforts qu'ils ne peuvent soutenir. Un squelette prévu pour supporter 80 kg en supporte difficilement 30 à 40 de plus. Alors, les tendons se rompent et les articulations se déforment. Le sportif est fichu et l'homme est handicapé pour la vie ! "
Les anabolisants peuvent, selon le mode d’utilisation, les doses et la durée d’utilisation, avoir des effets variés, notamment sur :
- Le foie : les anabolisants, surtout lorsqu’ils sont pris par voie orale, endommagent les enzymes hépatiques et leur usage peut déboucher sur des inflammations du foie, voire un cancer ;
- La régulation hormonale : la prise d’anabolisants trouble et parfois même bloque la régulation hormonale endogène, réduisant du même coup la production d’hormones produites naturellement par le corps ;
- Le métabolisme des lipides : l’usage d’anabolisants modifie le métabolisme des lipides dans un sens défavorable, accroissant ainsi le risque d’infarctus ;
- Le système cardio-vasculaire : les anabolisants provoquent une rétention accrue d’eau dans le corps et les muscles, ce qui entraîne une élévation de la pression sanguine et une surcharge du système cardio-vasculaire ;
- Le psychisme : les anabolisants provoquent une augmentation de l’agressivité ;
- La croissance : chez les jeunes, les anabolisants provoquent une ossification des cartilages de croissance et, par conséquent, un arrêt de la croissance ;
- Ils peuvent également provoquer : un phénomène de virilisation chez la femme (voix plus grave, développement du système pileux, involution mammaire, troubles menstruels), de l’acné, et enfin les risques de blessures des ligaments et des tendons sont accrus.
Les amphétamines
«Dans un premier temps, les amphétamines vous remontent en flèche, dans un second temps, elles vous descendent en flammes »Dr R.B. Millmanun
L'amphétamine est un produit de synthèse agissant essentiellement comme stimulant du système nerveux central.
Les effets positifs des amphétamines, pour une dose classique, se font sentir assez rapidement (une à deux heures après l'ingestion). Ils se traduisent par une diminution, et parfois même par une suppression totale de la fatigue physique, de la tendance à l'endormissement et de la faim. Parallèlement, il se crée une sorte d'euphorie, de confiance en soi qui incite à aller de l'avant en méprisant les obstacles. Les facultés intellectuelles elles-mêmes semblent s'épanouir et atteindre un niveau qu'elles connaissent rarement : le jugement est plus rapide, la compréhension plus sûre et la mémoire paraît considérablement développée. C'est donc, en définitive, une impression de puissance et de maîtrise de soi exceptionnelle que le sujet ressent. Cet effet ne dure que quelques heures et son intensité varie évidemment selon les sujets : mais il vient toujours à disparaître plus ou moins rapidement et alors, si la prise n'est pas renouvelée, c'est une série de phénomènes inverses qui se produit : la détente physique fait place à une nervosité incontrôlable et à une fatigue intense, les mouvements sont mal coordonnés. Sur le plan psychologique, il en va de même : la dépression et le découragement remplacent l'euphorie, aucune activité ne semble plus attirante, tout effort de raisonnement est ressenti comme pénible.
Effets secondaires pénalisant le geste sportif :
Tremblements,
Violents maux de tête,
Insomnie,
Incapacité à se concentrer,
Vertige,
Troubles digestifs,
Palpitations cardiaques,
Crampes,
Hypertension artérielle.
Oscillations de l'humeur
Le sujet, sous influence, devient dans un premier temps hyperactif, irritable, agressif, hostile, nerveux, insomniaque. L'arrêt s'accompagne en général de fatigue et de dépression car la drogue ne fait que retarder le repos nécessaire.
Signes évocateurs de ceux qui les utilisent :
Nervosité,
Tics consistant à se toucher fréquemment le visage,
Grincements de dents,
Pupilles dilatées,
Méfiance envers l'entourage.
L'accoutumance
L'usage prolongé de ces produits provoque facilement l'accoutumance, au point que certains sportifs en arrivent à prendre des surdoses ; ils ont donc tendance à augmenter la "ration" de pilules ce qui entraîne un état de dépendance.
Conclusion
Avant que le contrôle antidopage ne vienne arrêter la vogue meurtrière des amphétamines dans les milieux sportifs, ceux-ci ont payé très lourdement leur tribut au mirage de la performance. Les cyclistes, plus que les autres, ont cédé à cette tentation, eux qui doivent justement lutter contre la fatigue dans des épreuves qui dépassent en durée celle de la plupart des autres disciplines. Tom Simpson fut, en 1967, sur les pentes du Mont Ventoux, la plus célèbre des ses victimes. Détournés des amphétamines par l'efficacité des analyses, certains sportifs ont trouvé d'autres remèdes miracles aussi dangereux, sinon plus.
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